Facebook lance une application de rencontre. Le début de la fin pour Tinder et Meetic ?
Facebook Tinder même combat ? La concurrence fait déjà rage entre les géants de la rencontre en ligne et le réseau social aprés l'annonce qui a fait l'effet d'une bombe.
L’annonce a été faite par Mark Zuckerberg en personne lors de la conférence F8 destinée aux développeurs Web à San Jose en Californie le 1er Mai 2018: Facebook lance son service de rencontres amoureuses en ligne via une nouvelle application. Le créateur du géant mondial souhaite cibler avant tout “les relations sérieuses et durables, et pas seulement les relations d’un soir”.
Il s’est empressé de rajouter que le respect de la vie privée et la sécurité des données ont été les valeurs primordiales dès le début du projet. Depuis les scandales à répétition des derniers mois, il anticipe déjà les critiques qui vont pleuvoir sur ce nouveau service et les réelles intentions de Facebook.
La réponse des principaux acteurs de la rencontre en ligne ne s’est pas fait attendre. Mandy Ginsberg, le CEO du groupe Match , numéro 1 mondial des la rencontre sur Internet (propriétaire de Meetic, Tinder, POF, OKCupid…) a déjà commenté la nouvelle en se déclarant étonné du timing de cette annonce dans le contexte des révélations récentes sur l'usage des données sensibles et personnelles de ses utilisateurs par Facebook.
Joey Levin, CEO de IAC, fillale de Match a lui ironisé sur les bienfaits de ce nouveau produit pour la relation amoureuse entre les Etats-Unis et la Russie. Une pique loin d’être anodine en référence à l’ingérence de la Russie sur les élections américaines via Facebook, sans que le réseau ne puisse vraiment contrôler, ni le partage de données sensibles de ses utilisateurs, ni sa propre régie publicitaire. Pas très rassurant pour une entreprise qui veut maintenant s'occuper de la vie sentimentale de ses membres.
Ces commentaires acerbes ont du mal à masquer un inquiétude plus large sur l’impact que ce nouvel entrant va avoir sur le marché des rencontres en ligne. L’action du géant de la rencontre Match a perdue 22% en bourse après l’annonce de Zuckerberg, ce qui représente une baisse historique pour le groupe. L’autre poids lourd mondial de la rencontre, Spark Network (Elite Rencontre, Nos Belles Années, eDarling…) a lui aussi vu son action accuser un net recul à Wall Street. Est-ce que le monde de la rencontre en ligne doit déjà s’inquiéter et envisager une reconversion ?
Un sacre annoncé de Facebook sur la rencontre en ligne ?
Il semble avoir toutes les cartes en main pour devenir le futur leader de la rencontre
Sa communauté, tout d’abord sans aucune mesure avec tout autre réseau. En Avril 2018 Facebook compte 2,2 milliards d’utilisateurs (plus d’un quart de la population mondiale) ce qui représente une communauté de célibataires de plusieurs centaines de millions d’individus sur la quasi totalité des pays , à l’exception peut-être des célibataires Nord coréens. Mark Zuckerberg a d'ailleurs précisé lors de la conférence que 200 millions d'utilisateurs Facebook se déclarent ouvertement célibataires sur le réseau social.
Etant donné le volume impressionnant de données que Facebook détient sur ses membres, il pourrait facilement prétendre vous connaître mieux que personne pour trouver le partenaire idéal. Ce qui reléguerait en second plan tous les sites de rencontres par affinités qui faisaient de cette approche psychologique leur fond de commerce comme le célèbre test de personnalité des Big Five des sites eDarling et Elite Rencontre .
Selon une étude à partir de dix “Likes” sur le réseau social, ce dernier vous connaîtrait mieux que vos collègues de travail ou votre propre mère . Sachant qu’un utilisateur de Facebook compte en moyenne 277 “J’aime” , cela laisse présager la manière dont le réseau pourrait dresser un profil détaillé de ses utilisateurs, de la relation recherchée et des célibataires types en mesure de leur convenir.
Son aspect global et international en ferait aussi une application privilégiée pour les célibataires nomades souhaitant faire des rencontres facilement lors de weekends ou vacances à l’étranger.
Très peu de sites ou d’applications ont réussi à réunir des célibataires au-delà de leurs frontières sous une même marque. Seulement Badoo et Tinder ont réussi à passer ce cap avec le succès qu’on connait.
Enfin Facebook va pouvoir jouer sur la qualité de son réseau. Si un utilisateur est très exigeant et sélectif vis-à-vis des personnes qu’il accepte en tant qu’“ami FB” , le réseau va pouvoir essayer de cibler des célibataires en se focalisant sur le réseau et les amis de cette liste d’amis pour mettre en contact des gens avec le même niveau d’études, le même milieu social… alors que les sites de rencontres généralistes traînent une réputation de mauvaises rencontres (faux profils, animatrices de sites, brouteurs…).
Mais les jeux sont loin d'être faits ...
Pour une entreprise qui est bien moins influente qu’elle ne l’a été.
On a remarqué que le réseau est devenu un peu ringard pour les jeunes générations qui ne veulent pas être sur la même plateforme que leurs parents.
Facebook peine de plus en plus à séduire les ados et les jeunes adultes . Les français de 15 à 24 ans passent plus de temps sur Snapchat que Facebook en 2018, ce qui montre bien que le réseau est en perte de vitesse.
Après le scandale de Cambridge Analytica, le moment choisi pour faire cette annonce ne semble vraiment pas judicieux surtout que Facebook avait déjà décidé de retarder le lancement de son enceinte connectée suite aux conséquences catastrophiques de cette affaire sur l’image du réseau.
Alors pourquoi Facebook at-il décidé d’annoncer aujourd’hui le lancement d’un service en ligne qui peut générer encore plus de craintes sur la protection de données sensibles ? Est-ce que les utilisateurs vont facilement confier des informations sur leurs orientation sexuelle, le nombre de partenaires qu'ils ont eu, le statut de leur vie sentimentale ?
Le modèle Facebook n’est peut-être simplement pas adapté aux rencontres amoureuses
Comparé à d’autres réseaux sociaux, Facebook est un réseau de façade où les gens veulent monter une image valorisante et lisse. Prendre le risque de dévoiler à sa communauté que l’on est célibataire et activement à la recherche de quelqu'un peut dévoiler une image négative d'une personne avec un manque affectif et qui a du mal à séduire.
L’aspect global du réseau peut également se retourner contre lui. Etes vous prêt lors de votre recherche de partenaire à être mise en relation avec Tonton Roger ou les amies de marche à pied de votre mère ?
Le nombre impressionnant de sites de rencontres sur de multiples niches (geek, motard , végétarien, naturistes…) montre bien que certains célibataires préfèrent être mise en relation avec une communauté réduite et sélective selon des critères bien précis plutôt que sur un réseau dont l’objectif à peine voilé est de ficher et référencer la totalité des êtres humain sur cette planète.
Enfin il est peut-être impossible pour Facebook de devenir un site de rencontres car il en est tout simplement déjà un. La drague sur Facebook n’a rien de nouveau et ceux qui considèrent Facebook comme une bonne plateforme pour faire des rencontres amoureuses vont continuer à l'utiliser dans cette perspective. Ceux qui refusent de mélanger les genres en quelque sorte vont continuer à privilégier une application ou un site de rencontre à proprement parler quand ils veulent être mis en relation avec des célibataires.
En conclusion ce qui va surement manquer à Facebook et va demander des années au réseau social pour s’imposer sur le marché des applications de rencontres est l’expérience.
Le groupe Match a déjà bientôt 25 ans d’expérience sur le secteur de l’amour en ligne. De nombreux sites, approches, concepts ont été testés, abandonnés, améliorés et Facebook ne peut pas devenir une référence sur cette industrie bien particulière en quelques mois.
A vouloir interférer dans toutes les interactions sociales d’un individu (amicales, familiales, professionnelles, et maintenant amoureuses), Facebook peut réellement mettre en péril son concept initial d’un service gratuit qui tire profit de la vente des données de ses utilisateurs.
Le groupe atteint là un nouveau degré dans l’intimité de ses membres en s’immisçant dans leur sphère affective, sentimentale et sexuelle.
Un coup de foudre ou une attraction mutuelle ne peuvent pas être définis par un algorithme basé sur ce que vous voulez bien partager en ligne, ou du moins certains vont toujours vouloir s'en persuader.
Avec le Secret Crush Facebook se lance dans la rencontre en France.
De plus en plus de pays ont accès à Facebook Dating
Annoncée depuis plus d’un an, le fonction rencontre de Facebook appelé Dating arrive progressivement dans le monde.
Après avoir tester son application dès Septembre 2018 en Colombie, Thaïlande, Canada, Argentine et Mexique comme pays pilotes, Facebook renfore sa présence en Asie et en Amérique du Sud et a annoncé fin Avril 2019 son lancement dans 14 nouveau pays comme entre autres, le Brésil, les Philipines, Singapour, Malaisie , Vietnam, Laos et ainsi qu’aux Etats-Unis avant la fin de l’année.
La France et l'Europe ont enfin accès à une des fonctionnalités de FB Dating
Même si aucune date n’a été précisée pour la France ou les pays européens, la nouvelle version de Facebook lancée dans l’hexagone contient déjà des éléments annonçant son arrivée proche : La fonction “Secret Crush”.
Dès Mai 2019, les utilisateurs de Facebook français pourront sélectionner sur une liste "secrète" jusqu’à 9 personnes dans Facebook pour leur signaler leur intérêt.
La personne recevra alors une notification si et seulement si elle vous a ajouté sur cette liste également. Et donc si cette dernière est intéressée, les deux utilisateurs seront notifiées d’une “Match” de la même manière que dans l'application Tinder ou Bumble.
Toutes ces annonces ont été faites par Fidji Simo, la nouvelle responsable de l’application Facebook.
Depuis Octobre 2020, Facebook Dating est enfin disponible dans 32 pays d'Europe dont la France. Sa sortie avait été repoussée à maintes reprises pour vérifier que la plateforme respectait les exigences du RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données). Le service est maintenant disponible dans tous les grands pays européens comme le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie et donc la France.